Le nombre de candidats aux concours de recrutement de professeurs étant considérablement en baisse, plusieurs académies comptent moins d’admissibles que de postes disponibles.
État des lieux du métier de professeur
Au vu des premiers résultats d’admissibilité, les concours de recrutement aux métiers d’enseignants pourraient ne pas faire le plein. L’académie de Créteil et Versailles sont les principaux touchés par cette « pénurie de professeurs ». On compte un manque d’environ 700 postes pour ces deux académies.
Pour le certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré (Capes), certaines disciplines manquent déjà de recrues, notamment les lettres classiques et l’allemand. Ce manque creuse encore, bien que le nombre de postes pour le Capes ait largement réduit d’une année à l’autre.
Pour remédier à cela, des concours complémentaires de professeurs des écoles vont être organisés par le ministère de l’Éducation. L’objectif ? Faire face aux besoins dans ces académies à forte croissance démographique. Ces concours s’adresseront aux recalés, qui se verront alors offrir une seconde chance. Un système qui « devrait permettre de couvrir les besoins en nombre d’inscrits et de présents », assure le ministère.
Un métier qui manque d’attractivité ?
Le ministère a donc du mal à faire le plein de professeurs, chaque année. Comment dépasser cette crise ? Francette Popineau, secrétaire générale du SNUIpp (syndicat majoritaire du 1er degré), s’adresse sur le sujet au Monde, dans le cadre d’une interview. Elle explique d’abord que le salaire d’un enseignant français est comparable à celui de ses confrères colombiens, loin derrière ceux des pays développés. « Quand on a un master, on a la possibilité de trouver un travail mieux rémunéré avec une progressivité plus intéressante », commente la syndicaliste. Au début des années 1980, les enseignants gagnaient deux fois le montant du salaire minimum. Désormais, plus que 1,2 fois le montant.
Aussi, la qualité de la formation est peu attrayante. Après avoir passé le concours de professeur des écoles et le Capes, les diplômés doivent faire une année d’alternance, jugée difficile par les jeunes enseignants. Enfin, l’éducation nationale propose des carrières dépassées, où l’on a aucune évolution de carrière. Francette Popineau s’exprime : « La nouvelle génération a envie de plus de mobilité, on ne peut plus épouser le métier d’enseignant comme il y a 50 ans. »
Nouvelle génération, nouvelles vocations
Deux enjeux doivent être traités rapidement par le ministère : restaurer l’attractivité de la filière, et maintenir le niveau de recrutement (élevé).
Les ministres de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur annonçaient dernièrement leur volonté de mettre en place un système de prérecrutement, avec des épreuves d’admissibilité au concours avancées à la fin de la licence.
Les étudiants seraient d’abord rémunérés pour des postes d’aide au travail, surveillant, etc. puis comme remplaçant. « Il faudra assurer à ces jeunes une vraie formation, prévient Francette Popineau. Soit deux années pleines où on fait des stages de formation et de pratique accompagnée, sans être en responsabilité de classe. »
Outre le prérecrutement, un effort devrait être envisagé sur la vocation des carrières. Le ministère, prenant acte de l’érosion des « vocations à vie » dans la jeune génération, doit lancer à la rentrée des postes de « gestionnaire des ressources humaines de proximité » pour accompagner les évolutions de carrière des enseignants. Une initiative qui pourrait en partie résoudre la problématique.
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